Roman Agenouillez-vous devant moi ! chapitre Chapitre 62

À la sortie du restaurant, Mariette a constaté sur le trottoir Léone Popelin, accroupie et fondant en larmes. Et des passants, par curiosité, se sont attardés pour voir ce qui se passait.

Soucieuse, Mariette s’est précipitée vers elle et lui a demandé :

— Léone, qu’est-ce qui t’est arrivé ?

À sa voix, le pleur s’est retenu. Léone a levé sa tête et la toisait, les dents serrées de colère, elle a dit :

— Te voilà pour me persifler ? L’annulation de mon mariage t’a sûrement plu.

Mariette n’avait aucune idée de quoi elle l’accusait, et l’a rassurée encore :

— On est non seulement des camarades scolaires, mais aussi de bonnes amies, comment serais-je capable de te railler ? Fais-moi confiance et dis-moi ce qui s’est passé.

— Arrête ton hypocrisie ! Va t’en ! À l’origine de ma misère ne se trouvez que toi et ton maudit homme !

Ne pouvant plus brider les larmes, Léone a continué sa parole en pleurant :

— Trempée d’amour, tu es née avec la cuillère d’argent dans la bouche. Et moi, par contre, sortie d’une petite ville, venue en villes J pour les études, je ne suis qu’une fille médiocre. Jamais tu ne sais, combien je me suis sentie inférieure devant toi pendant toutes les années à l’école. Je ne suis rien en comparaison de toi. Je me suis donc résolue qu’un jour, je te ferai à genoux devant moi, le vilain petit canard d’autrefois. Oui, je te ferai à genoux. C’est ce dont j’ai rêvé toutes ces années. Comment puis-je pardonner, puisqu’il est déjà au point de se réaliser mais détruit par ton déchet d’homme ?

Cette révélation a fait froid dans le dos à Mariette.

Voilà l’amie avec qui elle avait passé presque tout le temps à l’école et qu’elle avait traitée comme sa sœur. Même après le diplôme, elles se sont réunies souvent et elle demeurait son amie de confidence. Quant à ses railleries dans l’exposition de robe de mariée, elle s’en est foutue.

Et maintenant, quelle ironie !

En dépit de sa contenance, Mariette n’a pas pu rester impassible, et a dit d’un ton froid :

— Je ne t’ai jamais tenue en concurrence, et je te prends toujours pour ma meilleure amie. Rien t’y a forcée.

— Non, tu n’as jamais rivalisé avec moi, car tu ne le dédaignais pas, a crié Léone.

— Quelle folle que tu sois !

Après tout, Mariette a été saisie d’épaule par Léone qui s’est approchée d’elle au moment où elle était à se retourner et partir. Léone a levé la main et voulu la battre.

Mariette était trop ébahie à s’esquiver.

Soudain, tout était comme arrêté. Jordan, survenu, l’a serrée dans son bras et a saisi le bras en l’air de Léone.

Sans la moindre émotion, il l’a dégagé, puis est parti avec Mariette, laissant Léone sur place et les suivre d’un regard méchant.

Sentant le léger frisson de la taille mince, Jordan a observé une douceur à Mariette,

— N’ait pas peur, je suis là.

— C’est plutôt la colère, a répondu Mariette en lui jetant un coup d’œil, un rire la trahissant.

Les bras de Jordan lui ont apporté du réconfort. Entrée dans la voiture elle ne voulait même pas les laisser.

— Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi Léone Popelin t’a accusé de l’annulation de son mariage ? a demandé Mariette après s’être calmée.

— Bah, ce n’est pas ma faute, a dit Jordan d’un air innocent.

Puis il lui a raconté la scène de banque l’après-midi d’un jour avant avec tous les détails.

— En effet, ce n’est pas toi à blâmer, a conclu Mariette en poussant un soupir.

— C’est que l’obsession s’empare trop d’elle, et elle est trop fière, a ajouté Jordan.

Mariette a hoché la tête.

Commentaires

Les commentaires des lecteurs sur le roman : Agenouillez-vous devant moi !