Roman NE ME QUITTE PAS ! chapitre Chapitre 1

Une chaleur se diffuse depuis l’arrière de son corps, tandis qu’une voix lui souffle à l’oreille.

— Tu as peur ?

Une odeur inconnue s’attarde tout près d’elle, la faisant frissonner, mais elle n’ose pas émettre un son.

Violette Lemaître sent l’homme s’arrêter un instant avant de reprendre la parole.

— Il n’est pas trop tard pour regretter.

Elle serre les mains nerveusement et secoue la tête, disant :

— Non, je ne regrette pas...

Elle est toute jeune, mais...

Cette nuit est longue et pénible...

Enfin, au petit matin, l’homme se lève pour aller à la salle de bains. Violette, fatiguée, se lève, s’habille et sort de la chambre.

En bas de l’hôtel se tient la femme d’âge moyen qui lui a proposé cette affaire. En voyant Violette sortir, elle lui donne un sac noir.

— Ceci est ta rémunération.

Avec peu d’hésitation, Violette saisit le sac immédiatement. Ensuite, avec l’argent en main, elle sort rapidement en courant. En tâchant d’oublier la douleur ressentie au niveau de ses parties intimes, elle veut simplement se rendre au plus vite à l’hôpital.

Il fait encore nuit. Le silence règne dans le couloir. Devant la salle d’opération, deux civières se trouvent par terre. Les blessés sur ces civières n’ont pas encore été pris en charge, car ils sont dans l’impossibilité de payer leurs frais médicaux.

Le cœur brisé et la gorge serrée, Violette dit :

— J’ai de l’argent. Sauvez ma mère et mon frère, s’il vous plaît...

En larmes, elle tend au médecin l’argent qu’elle serre dans sa main. Ce dernier y jette un coup d’œil et demande à l’infirmière de compter avant d’appeler le personnel pour emmener la blessée à la salle d’opération.

Voyant qu’ils n’emmènent pas son frère, Violette se précipite vers le médecin, l’attrape et le supplie :

— Et mon frère, sauvez-le...

Le docteur pousse un soupir.

— Je suis désolé, mais il est impossible de sauver la vie de votre frère...

Impossible ?

C’est un choc immense. Violette est dévastée et tout devient noir...

Ça fait tellement mal, comme si quelqu’un lui poignardait le cœur avec un couteau. Elle tombe par terre, tremblant. Il y a huit ans, alors qu’elle avait dix ans, son père a trompé sa mère et l’a abandonnée. Il a envoyé sa mère enceinte, et elle-même, dans un pays étranger où elles ne connaissaient personne.

Plus tard, sa mère a donné naissance à un bébé. Elles pouvaient déjà difficilement joindre les deux bouts, mais son frère a été diagnostiqué autiste à l’âge de trois ans, et cela n’a fait qu’aggraver la situation. Elle et sa mère survivaient difficilement, en faisant des petits boulots. Mais cet accident de voiture, dans un pays étranger, sans famille, sans argent et sans compassion, l’a rendue totalement désespérée.

Elle n’a eu qu’une solution pour réunir la somme nécessaire : se prostituer. Mais cela n’a pas encore pu sauver son frère.

Elle souffre, sans pour autant devenir hystérique. Elle se sent mal et a du mal à respirer. Le monde devient gris. Cependant, elle doit l’accepter et persister, car elle a encore sa mère.

Sa mère a besoin d’elle.

Après l’opération, sa mère va mieux. Mais en apprenant la mort de son fils, elle s’effondre.

En pleurs, Violette la prend dans ses bras, en lui disant :

— Maman, je reste toujours à tes côtés. Vis pour moi, je t’en prie.

Pendant son séjour d’un mois à l’hôpital, Jeannine Chapuis reste le plus souvent assise à son chevet, sans dire un mot. Violette sait que son frère lui manque. Si elle n’avait pas été là, sa mère l’aurait certainement suivi dans la mort. Puis, Violette a été renvoyée de l’université parce qu’elle doit s’occuper de sa mère. Heureusement, l’état de cette dernière s’améliore.

Violette entre dans l’hôpital avec le repas et arrive à la porte de la chambre de malade. Elle lève la main pour l’ouvrir quand elle entend une voix à l’intérieur.

Elle la connaît bien. Même après huit ans, elle se souvient encore clairement de la façon dont il a forcé sa mère à divorcer.

Il n’est jamais venu les voir depuis le jour où il les a envoyées ici. Pourquoi vient-il soudainement ici aujourd’hui ?

— Jeannine, à l’époque, Mme Chéron et toi étiez de bonnes amies et les enfants étaient fiancés. Il est donc logique que ce soit ta fille qui se marie avec l’homme que tu as choisi...

— Que veux-tu dire par là, Gautier Lemaître ? !

Jeannine, qui est très maigre, lutte pour se lever et le confronter malgré ses blessures. Il est vraiment sans-cœur.

Il les a abandonnés, elle, sa fille et l’enfant à naître, au milieu de nulle part. Il ne s’est jamais soucié d’eux. Et aujourd’hui, il est là pour marier sa fille ?

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