Roman NE ME QUITTE PAS ! chapitre Chapitre 2

— Violette, le mariage est une décision importante. Je ne te laisserai pas faire ça.

Jeannine comprend plus ou moins ce que Violette veut faire.

Violette pose le tupperware sur la table de chevet. En sortant le repas, elle dit :

— Je ne vais pas épouser un inconnu. C’est le fils de ton amie, non ?

— Elle est morte il y a longtemps et je ne sais rien de son fils. Je préfère mille fois que tu épouses un homme que tu aimes, même si ça te fait revenir sur ta parole. Je ne veux pas qu’on instrumentalise ton mariage. Sinon, je préfère rester ici pour le reste de ma vie.

Quelqu’un qu’elle aime ?

Même si elle le rencontrait un jour, il ne lui jetterait même pas un regard.

Elle garde la tête basse. Peu importe qui elle épouse, ce qui compte c’est de reprendre ce qui lui a été enlevé.

Jeannine ne parvient pas à dissuader Violette. Elles retournent au pays le lendemain.

Gautier ne les supporte pas. Il ne les laisse pas entrer dans la maison des Lemaître, mais leur demande de louer un logement à l’extérieur jusqu’au jour du mariage où Violette pourra revenir.

De même, Violette ne veut pas retourner chez son père. Si elle le fait, sa mère devra affronter la maîtresse qui a ruiné son mariage. Mieux vaut éviter une scène inconfortable.

Elle est tranquille ici.

Mais Jeannine est toujours inquiète.

— Violette, s’il s’agissait d’un bon mariage, ton père ne te l’aurait pas proposé, même si j’avais été amie avec Mme Chéron.

Violette ne veut pas en parler avec sa mère et change de sujet.

— Maman, dépêche-toi et mange quelque chose.

Jeannine soupire. Evidemment, Violette ne veut pas en parler. Sa fille a beaucoup souffert avec elle. Et maintenant, elle doit même sacrifier l’espoir d’un mariage heureux.

Violette a des couverts à la main. Mais elle n’a pas d’appétit et a la nausée.

— Tu ne te sens pas bien ? demande Jeannine avec inquiétude.

Violette ne veut pas l’inquiéter. Elle ment donc en disant qu’elle a perdu l’appétit à cause du vol.

Elle pose ses couverts et entre dans sa chambre.

Une fois la porte de la chambre fermée, elle s’appuie contre celle-ci. Même si elle n’a jamais été enceinte, elle a observé Jeannine pendant sa grossesse. Cette dernière avait juste la nausée et ne pouvait pas manger.

Et elle a les mêmes symptômes en ce moment.

Un mois après cette nuit-là, elle a une dizaine de jours de retard dans ses règles.

Elle n’ose plus y penser. Elle a été humiliée cette nuit-là. Si ce n’était pas pour sa mère et son frère, elle ne se serait jamais vendue.

Elle a des frissons...

— Vous êtes enceinte de six semaines, dit le médecin.

En sortant de l’hôpital, les mots du médecin résonnent encore dans la tête de Violette.

Elle obtient ce diagnostic après s’être rendue à l’hôpital sans en informer Jeannine. Elle est bouleversée, ne sachant pas quoi faire : accoucher ou avorter ?

Inconsciemment, elle met sa main sur son ventre. Malgré le choc et l’humiliation, elle a du mal à l’abandonner.

Pour la première fois, elle ressent la joie et l’attente d’une mère.

Elle est perdue dans ses pensées.

De retour chez elle, Violette met les résultats de l’échographie dans son sac avant de pousser la porte.

Cependant, Gautier est là. Elle prend immédiatement un air sombre.

Que fait-il ici ?

Gautier n’a pas l’air très amical non plus. Probablement parce qu’il ne l’a pas vue en arrivant et qu’elle l’a fait attendre, il dit sèchement :

— Va te changer.

Violette fronce les sourcils.

— Pourquoi ?

— Comme tu vas épouser M. Chéron, tu devrais le rencontrer.

Gautier la regarde de haut en bas.

— Tu vas le voir comme ça, en guenilles ? Tu veux m’humilier ?

Que ressent-on lorsqu’on a mal ?

Elle pensait que le fait de se vendre et la mort de son frère l’avaient insensibilisée à la douleur.

Mais quand elle entend les mots impitoyables de Gautier, elle a encore mal. Elle n’est pas insensible.

Il les a envoyés, elle et sa mère, dans un pays sans ressource et ne s’est jamais occupé d’elles.

Comment pouvait-elle avoir l’argent pour porter autre chose que les nippes qu’elle avait sur le dos ?

Si elle avait eu de l’argent, comment son frère aurait-il pu mourir, faute de soins médicaux ?

Elle serre les poings.

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